Choisir les Officiers Biodiversité

Les quatre premiers Officiers Biodiversité ont été retenus. Y avait-il beaucoup de candidats ?

 Gilles Mirambeau : Oui, près de 50 candidatures, y compris une dizaine d’étudiantes et d’étudiants qui ne suivent pas de cursus à Sorbonne Université et n’étaient donc pas éligibles. Cela souligne la très forte attractivité de la mission Bougainville qui dépasse les limites du campus.  Plus de filles que de garçons, une majorité d’étudiants en 2ème année de master. Des étudiantes et des étudiants en sciences de la mer, en biologie écologie, mais aussi en mathématiques, en physique, en informatique.

Nous avons été frappés par la très grande qualité des candidats, leur soif d’action concrète dans le cadre d’une expédition scientifique à vocation environnementale et participative.

Comment avez-vous choisi les quatre lauréats ?

 G.M. : Nous avons réuni un jury de douze personnes mêlant hommes et femmes, enseignants et chercheurs des trois stations marines de Sorbonne Université et associatifs de Plankton Planet; nous sommes même allés chercher l’oeil affuté d’une enseignante du CELSA pour apprécier les qualités de médiation.

Depuis le 30 janvier et la clôture des inscriptions, nous avons épluché les dossiers des candidats, organisé en février un oral de 30 minutes par personne pour les 14 admissibles. Ces entretiens nous ont livré 4 lauréats au parcours et au potentiel remarquables, deux femmes et deux hommes.

Les examens complémentaires réalisés par les services de la Marine nationale, notamment pour l’aptitude médicale, ont confirmé cette liste de lauréats. Ils pourront donc rejoindre les équipages de la Marine pour embarquer sur leurs navires comme Officier Biodiversité.

La majorité des lauréats a suivi un parcours en sciences de la mer ; est-ce un prérequis pour Bougainville ?

 G.M. : 3 des 4 lauréats sont en master 2 Sciences de la mer, la quatrième en master Biologie, Environnement Evolution centrée sur la biologie marine.

Pour éclairer ce choix parfaitement justifié par les qualités des intéressés, il faut aussi rappeler que nous venons tout juste de lancer la mission Bougainville. Nous avons imaginé comment les choses allaient se dérouler, mais elles ne se passeront sûrement pas conformément à nos plans. Les Officiers Biodiversité  au milieu du Pacifique ou de l’océan Indien, à des milliers de kilomètres des laboratoires de Roscoff, Villefranche-sur-Mer ou Banyuls-sur-Mer, vont devoir déceler les incohérences, les contourner, adapter les protocoles, réparer les capteurs. Nous avons donc recherché en cette année inaugurale l’expérience et la compétence scientifique.

Mais dès que les outils, les protocoles, les flux de données, les échanges auront été fiabilisés, nous aurons besoin de varier les profils des Officiers Biodiversité, en première comme en seconde année de master, et d’attirer dans notre projet des étudiants et étudiantes en océanographie physique, en  IA, en données ou en électronique.

 Allez-vous poursuivre la mission Bougainville en 2024 ?

G.M. : Oui, la 2e mission à cheval sur 2024 et 2025 devrait impliquer 6 VOA, 2 à la Réunion, 2 en Nouvelle Calédonie et 2 en Polynésie Française, nouvelle destination.

De manière analogue à ce que nous avons fait sur l’année 2022-2023, les candidatures seront recueillies entre l’automne de cette année et janvier 2024.

Grâce aux acquis de la première année, notre méthodologie aura fait un bond en avant, mais il restera certainement encore du travail pour que nos outils soient plus robustes, plus commodes et plus aptes à fournir des données standardisées, en particulier au niveau de l’échantillonnage. Un grand volet de la cuvée Bougainville 2024 concernera très probablement l’optimisation de la gestion des données entre la mer et la terre, le rôle des sites de soutien locaux et des équipes partenaires du programme Plankton Planet. 

Alors, projetons nous au début de l’année 2025 : une dynamique aura été lancée, formatrice, innovante, participative, fiable, robuste, pérenne. Des résultats scientifiques inédits seront produits. Nous aurons alors besoin de prolonger et d’amplifier la mission Bougainville vers d’autres navires, d’autres régions, sur des fleuves, dans des ports, avec un plus grand nombre d’étudiantes et d’étudiants.

Je n’ai aucun doute sur le fait que nous sommes au tout début d’une aventure exceptionnelle.

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