Où en sont le recrutement et la formation des étudiants pour la mission Bougainville ?

L’année 2024-2025 sera la deuxième année de la mission.

Nous avons beaucoup appris et progressé au cours des douze derniers mois.

Nous pouvons désormais élargir nos ambitions et passer de quatre à six étudiants recrutés pour la mission Bougainville.

Nous avions initialement trente candidats avec des dossiers particulièrement solides. Après une première sélection sur dossier puis un oral, le jury a retenu six candidats qui ont été acceptés par le service de recrutement de la marine nationale.

Cinq sont étudiants à Sorbonne Université : Corentin, Caroline, Laurine et Emilie du Master 2 Sciences de la Mer, Romain du Master 1 Sciences de la Mer. Quant à Lucien, il a terminé un Master 2 Biologie, Ecologie et Evolution, option Microbiologie, Environnement et Santé, au Muséum d’Histoire Naturelle.

A peine libérés de leur année d’étude, ces six étudiants ont suivi leur premier atelier de formation Bougainville à l’Observatoire Océanologique de Banyuls du 24 au 28 juin. Battre le fer tant qu’il est chaud !

Quels ont été les points forts de la semaine de Banyuls ?

D’abord l’esprit d’équipe. Les étudiants Bougainville seront répartis en binômes qui naviguent à tour de rôle sur leur bateau d’accueil. Ces deux-là doivent travailler en cohérence et en confiance.  Plus largement les étudiants Bougainville et l’équipe du projet, bien que répartis sur 15 fuseaux horaires, d’Orono dans l’état du Maine à Nouméa (21 fuseaux à partir d’octobre prochain avec Tahiti) se retrouvent chaque semaine sur les réseaux virtuels pour analyser les difficultés et les avaries rencontrées, ajuster les protocoles et résoudre les plantages. Ce pow-wow rituel et technique est indispensable, il requiert de se parler simplement au sein d’une équipe de confiance.

Ensuite la science. Un complément de formation leur a été apporté sur le plancton, sur l’océanographie et la couleur de l’eau, la métagénomique et le métabarcoding. Un véritable tour de chauffe avant Villefranche.

Enfin le discours. Le CELSA est venu rappeler les principes de la communication vers le grand public, les médiateurs du Biodiversarium les techniques de médiation scientifique, la marine nationale ses principes de communication. Cerise sur le gâteau, la bibliothèque de la station a dévoilé ses trésors consacrés à la planctologie.

Finalement, beaucoup de travail, de savoirs et de joie partagés, notamment dans une base arrière de l’Observatoire, l’unique Villa Wintrebert !

Que reste-t-il à traiter à Villefranche ?

A Villefranche, du 20 au 31 juillet, ce sera les mains dans le microbiome !

Les étudiants Bougainville vont plonger dans la connaissance détaillée des outils et des protocoles qu’ils utiliseront pendant l’année à venir : les capteurs physicochimiques (le PAR, la CTD, l’ISPEX-2,..), les données satellites (GPS et couleur de l’eau), les filets pour collecter, le Planktoscope pour l’imagerie haut-débit, EcoTaxa pour identifier les espèces avec l’IA, le Lamprey pour l’analyse génétique, le Curiosity pour l’observation immédiate des échantillons, enfin les logsheets pour structurer l’acquisition des données.

Un gros morceau à la mesure de leurs talents et de leur enthousiasme. Un gros morceau nécessaire qui leur permettra d’agir en autonomie à l’autre bout du monde. Et surtout de connaître personnellement les chercheurs, référents scientifiques, qui pourront les aider si nécessaire.

Quand les étudiants deviendront-ils VOA (Volontaire Officier Aspirant) ?

Dans les jours qui ont suivi l’atelier de Banyuls, la marine nationale a validé les six candidatures. Ils se rendront à l’école navale en presqu’île de Crozon le 26 août pour y suivre quatre semaines de formation maritime et militaire. Ils deviendront VOA lors de leur incorporation.

Ils y découvriront la marine, ses missions, son organisation et ses codes. Ils s’exerceront aux fonctions d’encadrement qu’ils exerceront sur leurs bateaux.

Ils ont eu l’occasion d’échanger avec leurs prédécesseurs en ligne depuis la Réunion et la Nouvelle Calédonie, formidablement épanouis à l’approche de la fin de leur mission !

Où navigueront ils ?

Dans le sud des océans Indien et Pacifique.

Aux ports bases de Port-des-Galets à la Réunion, Nouméa en Nouvelle Calédonie, s’ajoutera cette année Papeete en Polynésie Française.

Depuis ces bases, à bord des Bâtiments de Soutien et d’Assistance Outre-Mer (BSAOM) Champlain, D’Entrecasteaux et Bougainville, ils sillonneront les zones économiques exclusives française, 2,6 millions de km² en océan indien, 5 fois la superficie de la France continentale ; 6,5 millions de km² dans le Pacifique sud soit 13 fois la France de nos terroirs. Ils opéreront également dans les eaux internationales et visiteront les pays riverains des océans, là où les emmèneront les bâtiments de la marine.

Sur chacun des BSAOM, le VOA en mer échantillonnera aussi souvent que possible en s’adaptant aux contraintes cinématiques du bateau, de la météo et des autorisations de prélèvement.

Le VOA à terre saisira des occasions complémentaires d’embarquement, procèdera aux traitements des données, entretiendra le lien avec les autres binômes de VOA et l’équipe Bougainville. Il conduira des actions de médiation scientifique et permettra de nouer de nouveaux partenariats avec les universités outre-mer, les parcs naturels marins (Mayotte, mer de Corail) et les institutions destinées à l’observation et la préservation du milieu marin (OFB).

Nous avons été impressionnés par les qualités humaines, l’enthousiasme et la curiosité scientifique de nos six nouveaux étudiants Bougainville. Ils ont gagné notre confiance pour leurs capacités à relever les quatre premiers VOA et à poursuivre le remarquable travail qu’ils ont accompli, malgré les surprises, malgré les impondérables et les difficultés qui accompagnent toujours la transformation d’une idée d’avant-garde en une réalité de terrain.

Chacun à sa place, chacun dans son rôle, nous sommes tous en train de bâtir quelque chose d’unique.

G. M. et C. P.