14 Nov La « mission Bougainville » présentée à la marine chilienne par Alejandro Maass
Pourquoi la « Mission Bougainville » t’intéresse-t-elle ?
Alejandro Maass : Elle m’intéresse car, depuis l’expérience que nous avons vécue avec l’expédition TARA Océan sur les côtes chiliennes et les différentes études qui ont suivi, la nécessité de mesurer l’océan de manière systématique et frugale est devenue évidente. Une chose aussi évidente pour beaucoup est quelque chose qui devient évident lorsqu’on la vit.
Quel est le rapport avec ton domaine de recherche ?
A.M. : Depuis 20 ans, mon laboratoire (Laboratoire de bio-informatique et de mathématiques du génome) accompagne diverses aventures dans le domaine de la génomique. Aujourd’hui, ce laboratoire fait partie de deux centres, le Centre de modélisation mathématique (IRL CNRS au Chili) et le Centre de régulation du génome. Ce programme et, de manière générale, les études génomiques de l’océan s’inscrivent parfaitement dans les objectifs de ces deux centres et permettent de créer une interaction moderne et nécessaire. Il y a les aspects liés à la science des données et la manière de les relier aux aspects génétiques, mais en outre, l’océan est en mouvement, et ces relations doivent pouvoir être observées de manière dynamique. L’océan et son étude sont pour moi, en tant qu’expert en systèmes dynamiques et en génomique, une panacée.
Qu’est-ce que Innopolinav 2025 ? Ta présentation de la « Mission Bougainville » a-t-elle suscité l’intérêt de la marine chilienne ou d’autres partenaires ?
A.M. : Innopolinav est un événement organisé depuis plusieurs années par la marine chilienne qui s’est imposé comme le rendez-vous le plus important pour présenter la science, la technologie et l’innovation dans le domaine marin, y compris, comme cette fois-ci, les discussions sur la protection de l’environnement et le rôle de la marine dans ces domaines. J’ai senti que les discussions qui ont suivi ont été très bien accueillies, ce que nous devons concrétiser par d’éventuels projets communs à l’avenir.
Existe-t-il déjà une coopération entre les laboratoires de recherche, les étudiants et la marine chilienne ?
A.M. : La marine chilienne entretient une coopération scientifique et technologique importante au Chili, notamment dans le domaine de la formation. Le centre dirigé par Francisco McKay, organisateur de l’événement, joue notamment un rôle de passerelle.
Pourquoi penses-tu que la philosophie et les objectifs de la « Mission Bougainville » sont adaptés aux défis océaniques du Chili ?
A.M. : Le Chili est un pays océanique qui donne sur l’un des plus grands océans de la planète ; d’autre part, ses côtes représentent des systèmes uniques au monde. L’un de ses défis consiste à les surveiller et à générer des données de qualité, mais de manière non coûteuse dans le temps. Le programme Bougainville est une expérience qui a déjà fait ses preuves et qui, selon moi, pourrait, moyennant quelques adaptations à la culture locale, s’avérer extrêmement bénéfique pour caractériser nos côtes au niveau du plancton et, à moyen terme, permettre un suivi plus précis. Bien sûr, il s’agit d’un élément d’un ensemble plus vaste qui peut s’articuler avec d’autres programmes menés par des centres d’océanographie au Chili.
Penses-tu qu’une coopération inspirée de la « Mission Bougainville » pourrait s’étendre de manière utile à tout le bassin du Pacifique Sud, du Chili à l’Australie ?
A.M. : Pour les mêmes raisons que celles que j’ai évoquées précédemment, à l’exception des aspects culturels et organisationnels, je pense que oui ; le défi est le même et nous devons nous coordonner dans le cadre de programmes solides comme celui-ci. Et, comme je l’ai mentionné précédemment, ajouter d’autres idées qui nous permettent de générer des données fiables pour comprendre la biodiversité invisible de l’océan.



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